mercredi 22 août 2012

Christchurch

Nous roulons vers Christchurch, la 3e ville du pays (300 000 hab.) et la ville principale de l'Ile Sud, située sur la côte Est. Nous traversons la région du Canterbury qui ressemble à la campagne anglaise : paysage vallonné, puis plat, herbeux, ponctué de bosquets.

Christchurch est la plus british des villes néo-zélandaises. C'est non loin de là, à 40 km au sud de la ville, à Akaroa, que la nationalité du pays s'est jouée : à quelques jours près, la Nouvelle-Zélande aurait pu être française. Jean Langlois, capitaine du baleinier Cachalot, rêve alors d'y établir une colonie. Il négocie en 1838 pour 1000 francs l'achat de 12 000 ha (alors qu'en France à cette époque 1 ha de ferme s'échange contre 3 000 francs) et fait voile pour le royaume de France pour convaincre Louis-Philippe de le soutenir dans son entreprise. Ce n'est que 2 ans plus tard qu'il arme un navire avec une cinquantaine de colons. Entre-temps, les autorités britanniques, déjà présentes dans l'Ile Nord, décidées à ne pas se laisser déborder par les français, engagent à marche forcée leur processus de colonisation et le traité de Waitangi est signé en février 1840 avec les Maoris. Le 17 juin, la Couronne proclame sa souveraineté sur l'Ile Sud. Lorsque les français accostent en juillet, l'Union Jack flotte désormais sur la Nouvelle-Zélande. Le petit groupe de colons décide néanmoins de s'y établir et ils seront naturalisés anglais en 1851. On trouve encore à Akaroa des noms de rue dans la langue de Molière...

Christchurch connait depuis février 2011 une situation difficile due au tremblement de terre qui a détruit en partie son centre-ville. L'accès y est depuis interdit et la zone, comme bombardée, ressemble à un immense chantier clos par des grilles. La ville est déprimée au sens propre. Imaginez que du jour au lendemain des milliers de personnes ont été évacuées et ont dû tout abandonner sur place : maison, école, entreprise... Impossible pour elles de récupérer quoi que ce soit, ce qui a provoqué des révoltes, sans effet. Des centaines de sociétés ont été contraintes de mettre la clé sous la porte. Ce n'est que 14 mois plus tard qu'un accès limité a ètè autorisé. L'économie de l'Ile Sud s'en ressent encore fortement. Nous venons de passer un panneau sur lequel était écrit : "Christchurch stay strong, don't give up". Les citoyens ont ici l'impression d'être un peu abandonnés par le gouvernement de l'Ile Nord. La reconstruction prendra des années.

La carte du centre-ville : la zone orangée n'est plus accessible.

Un arc-en-ciel parmi les décombres :
Par ailleurs, les normes de construction se sont depuis drastiquement durcies dans tout le pays : tous les bâtiments doivent être évalués dans les 2 ans et ceux qui ne passent pas un certain seuil doivent être remis aux normes ou abandonnés. A défaut d'obtenir le fameux certificat de conformité, beaucoup de constructions sont condamnées dans les 8 mois qui viennent, ajoutant encore aux difficultés économiques actuelles et menaçant de dégrader le patrimoine existant. Ces exigences augmentent le coût des maisons, ce qui diminue les chances pour beaucoup de néo-zélandais d'accéder à la propriété.

Nous finissons par une note optimiste avec les premières fleurs du magnifique Hagley Park qui annoncent le renouveau.

 
Notre voyage se termine et nous rentrons avec des images et des étonnements plein la tête. C'est dans le contraste que se définit le mieux la Nouvelle-Zélande : sa mixité occidentale, polynésienne et asiatique, sa lumière intense et son sable volcanique noir, la pluie tropicale de la Côte Ouest et la sècheresse de la Côte Est, le temps qui change du tout au tout en une seule journée, les hautes montagnes qui bordent les océans, les déserts et la rainforest qui habitent les versants opposés d'une même montagne, l'immensité et la diversité incroyable de ses paysages.

Nous gardons la sensation d'un pays jeune (moins de 200 ans !) où l'esprit pionnier de ses premiers habitants règne encore : entreprendre est sans doute plus facile qu'ailleurs car le pays, peu peuplé, n'a pas encore eu le temps d'empiler un nombre important de règles et de contraintes administratives dues à des siècles d'histoire. La vie y est en revanche plus rude.

La principale contradiction réside dans le domaine écologique. La multitude de réserves naturelles côtoie l'élevage intensif et la consommation débridée d'énergies fossiles (les voitures consomment beaucoup et le charbon est encore beaucoup utilisé pour le chauffage des maisons très mal isolées). Toutefois l'idée du développement durable commence à faire son chemin...

Laissez-vous vous emmerveiller à votre tour !

Le koru, la fougère qui se déploie, est un symbole d'avenir.